L'Île de NAURU fut découverte en 1798 par le capitaine britannique John Fearn. Elle fut alors successivement colonisée ou occupée par différentes puissances : l'Allemagne en 1888, l'Australie en 1920, le Japon de 1942 à 1945 puis à nouveau l'Australie en 1947. Nauru acquiert son indépendance le 31 janvier 1968 .
Une courte piste d’atterrissage permet d’accéder à cette île où débarquent les rares passagers, qui filent rejoindre leurs voitures de luxe et parcourir les quelques routes de l’île sous le soleil du Pacifique. Nauru fait à peine 22 km2 et possédait le deuxième plus important PIB au monde en 1974. Une richesse démesurée enviée. Une île paradisiaque...
Un beau jour de 1896 à Sydney, dans les bureaux de la compagnie Arundell & Co, spécialisée dans les matières premières, le géologue Albert Ellis s’étonne de la nature d’un simple bloc aux traits irréguliers qui retenait une porte battante. On lui explique qu’il s’agit simplement d’un bout de bois pétrifié rapporté de l’île de Nauru. Sceptique, il analyse de plus près l’objet.
Le résultat est sans appel, il s’agit d’un morceau de phosphate, d’une pureté inégalée. Le mariage entre les débris organiques sous-marins phosphatés et le guano déversé par des milliers d’oiseaux, depuis des siècles expliquerait l’incroyable richesse de ce gisement, qui couvre 70% de cette pépite perdue au large de l’Australie.
Nauru regorge de phosphate riche en phosphore, qui peut générer des engrais de qualité, augmenter les rendements des cultures agricoles et produire des explosifs. Un véritable trésor. Après de longues négociations avec les colons allemands, l’exploitation des terres débute en 1906.
Une large main-d’œuvre locale et chinoise travaille dans cette mine à ciel ouvert et pas moins de 11000 tonnes de minerai sont exportées la première année.
Au fil des décennies, les excavateurs se font de plus en plus performants. D’immenses tranchées sont creusées, retournant sable, terre et roches. Dans le même temps, des bateaux de dragage aspirent les précieux sédiments le long de la côte. L’exploitation du phosphate fait la richesse de la compagnie australienne, ne laissant qu’une maigre part aux autochtones. Une situation qui va pousser les habitants à réclamer leur émancipation, puis leur indépendance.
En 1968, Nauru devient une république. La plus petite du monde. L’entreprise, devenue depuis britannique, est nationalisée en Nauru Phosphate Corporation. Dès lors, les habitants de l’île sont maîtres de leur destin. Adieu travail, loyer et impôts, vive la grande vie à coups d’importations ! Le caviar, les grands crus, les produits gras et sucrés, les berlines, une compagnie aérienne, puis l’achat d’un gratte-ciel à Melbourne, révolutionnent la vie locale.
Rien n’est trop beau ni trop cher pour les rois du phosphate. Un vrai conte de fées.
Mais chaque médaille a son revers. Le petit paradis ne fait pas exception. L’épuisement des ressources, dans les années 1990, fragilise toute l’économie de l’île. D’autant qu’il ne reste plus que des sols pétris et dénudés, à la faune et à la flore meurtries. Un désert labouré à 80%. Un pillage en règle et irréversible.
L’investissement immobilier de Melbourne se révèle lui aussi désastreux. Quant à l’occidentalisation à vitesse grand V, elle a rendu les habitants malades : 95% d’entre eux sont obèses, 42 % sont atteints de diabète, plus de la moitié fument et pas seulement du tabac. L’espérance de vie des hommes est inférieure à 50 ans.
Seules les malversations semblent pouvoir maintenir l’île hors de la faillite. Blanchiment d’argent, accords diplomatiques et financiers contre soutien géopolitique, vente de passeports, accueil de clandestins arrêtés par l’Australie contre rémunération... Une île vidée de sa substance.
Au bout de la piste, l’épicerie s’appelle «Zombies store».
C’était grandeur et décadence d’un destin non maîtrisé.